Bulletin du Comité des écrivains en prison – PEN international – Centre Suisse Romand – 2017 Vol 18/11

                               *Promouvoir la Littérature et Défendre la Liberté d’Expression*

PLUMES ET PAROLES FACE À L’INTOLÉRANCE, LA HAINE ET LA MORT

Célébrée le 15 novembre 2017, la Journée des Ecrivains en prison vient nous rappeler une triste réalité : la situation dégradante de la liberté d’expression et d’opinion dans de nombreux pays. En septembre dernier, à Lviv, la capitale culturelle d’Ukraine,’La Défense de la Vérité à l’heure de la Propagande’’ était le Thème du 83ème Congrès mondial de PEN International. Les écrivains participant au Congrès ont été accueillis à leur arrivée dans l’aérogare de Lviv par des jeunes volontaires Ukrainiens brandissant des pancartes ‘’Oleg Sentsov’’. Cet artiste et cinéaste Ukrainien, Oleg Sentsov, né à Simferopol, en Crimée, a été enlevé peu de temps après l’annexion de sa ville natale. On lui aurait attribué de force la nationalité russe. Transféré en Russie, il a été condamné à 20 ans de prison au terme d’un procès inéquitable. Aujourd’hui, il purge sa peine dans un centre de détention à Iakoutsk, en Sibérie. En fait, une des Chaises Vides lui est réservée au centre du Congrès. Comme la Russie, les Etats-Unis d’Amérique et la Chine sont aussi  des sujets de graves préoccupations pour PEN International. Toujours en matière de liberté d’expression et d’opinion, une dizaine de résolutions adoptées à Lviv touchent également l’Ukraine, le Venezuela, le Mexique, la Turquie, l’Erythrée, l’Espagne, le Kazakhstan, la Pologne, la Hongrie, le Honduras, l’Inde, la R.S. du Vietnam, les régions autonomes du Tibet, des Ouighours, de Mongolie intérieure et de Hong Kong et la R.P. de Chine. Par ailleurs, le Congrès de PEN International a dit Non au blasphème et à la peine de mort par l’adoption de deux résolutions.

Face aux pouvoirs dictatoriaux et corrompus, aux groupes armés de criminalité ou aux feux de guerre, les écrivains et les journalistes n’ont que la parole et les mots. Plusieurs centaines de femmes et d’hommes ont été menacés, harcelés, agressés, torturés, emprisonnés, déportés, pris en otage, tués en toute impunité ou contraints à l’exil à cause de leurs écrits, leurs dessins ou leurs paroles. Des centaines d’auteurs et de professionnels des médias purgent de lourdes peines de prison. Conditions de détention inhumaines. Preuve en est : ayant quasiment achevé sa peine de 12 ans de prison et été libéré en août 2017 pour retirer une tumeur cérébrale, l’écrivain Yang Tongyan est décédé le 8 novembre 2017. Une véritable tragédie, un crime inqualifiable quand les geôliers, ceux de Pékin et de Hanoi surtout, ne libèrent leurs prisonniers d’opinion et de conscience qu’à l’approche de leur mort certaine. Déjà en juillet 2017, avant la disparition de Yang Tongyan, nous avons échoué dans nos campagnes collectives pour redonner un brin d’espoir de Malraux, un rayon de liberté d’Eluard et un instant de vie de Hugo et de Prévert à notre ami et frère de plume Liu Xiaobo souffrant d’un cancer du foie, quelques semaines après sa libération conditionnelle. Ou encore, n’oublions pas les meurtres de Gauri Lankesh, de Daphne Caruana Galizia et de Yameen Rashid, ainsi que l’exécution barbare d’Anabel Flores Salazar l’année précédente. La Turquie est la plus grande prison pour les écrivains et les journalistes. Mais les univers concentrationnaires se trouvent en Chine, au Tibet, en Corée du Nord et au Viet Nam. Durant l’an 2017, plus de 50 journalistes et écrivains ont été abattus, assassinés ou portés disparus : 11 au Mexique, 9 en Syrie, 8 en Iraq, 4 aux Philippines, 2 en Chine, en Inde, en Somalie et au Yémen, et une en Afghanistan, au Bangladesh, en Birmanie, au Brésil, en Colombie, au Danemark, au Honduras, aux Maldives, en Malte, en Russie et au Soudan du Sud.

En cette Journée empreinte de Souvenirs et de Gratitude, le Centre Suisse Romand de PEN International souhaite rendre hommage aux femmes écrivains assassinées ou persécutées partout dans le monde. Parmi tant d’autres cas mentionnés dans la liste non exhaustive publiée par le Comité de Défense des Ecrivains emprisonnés de PEN International, citons pour exemple :

* Anna Politkovskaïa, journaliste russe et défenseuse des droits de l’homme, assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou. Très connue pour ses dénonciations des violations des- droits de l’homme en Russie et en Tchéchénie.

* Anabel Flores Salazar, journaliste mexicaine, mère d’un bébé de 15 jours et d’un garçon de 4 ans, enlevée le 8 février 2016, dont le corps a été retrouvé le 9 février sur la route Cuacnopalan-Oaxaca dans l’Etat de Puebla, la tête entourée d’un sac plastique.

* Gauri Lankesh, journaliste, éditrice et défenseuse des droits de l’homme indienne, très connue pour ses prises de position en faveur des femmes et contre le système des castes et le racisme. Elle a été assassinée à son domicile de Bangalore le 5 septembre 2017.

* Daphne Caruana Galizia, journaliste et chroniqueuse maltaise, très populaire parce qu’elle était en première ligne depuis des années contre la corruption et les crimes organisés. Elle a été assassinée après que sa voiture ait été piégée le 16 octobre 2017 à Malte.

* Liu Xia, poétesse et artiste chinoise, la veuve de Liu Xiaobo, Nobel de la Paix, isolée de force et placée en stricte résidence surveillée dans une localité secrète depuis la mort tragique de son époux en juillet 2017.

*Nguyên Ngoc Nhu Quynh, nom de plume Me Nâm (Mère Champignon), blogueuse et défenseuse des droits de l’homme vietnamienne, mère d’une fille de 11 ans et d’un garçon de 5 ans, condamnée à 10 ans de prison en juin 2017 pour ‘’propagande contre l’Etat socialiste’’.

* Trân Thi Nga, blogueuse et défenseuse des droits de l’homme vietnamienne, mère de 2 petites filles de 6 ans et de 4 ans, condamnée à 9 ans de prison en juillet 2017 pour ‘’propagande contre l’Etat socialiste’’.

* Dareen Tatour, poétesse palestinienne, arrêtée en octobre 2015 pour son poème publié sur YouTube. En janvier 2017, placée en résidence surveillée en attendant son procès en novembre prochain. Elle encourt 8 ans de prison pour ses poèmes ‘’incriminés’’.

* Pinar Selek, sociologue et écrivaine turque. Elle a été torturée avant l’exil en France. 4 fois condamnée à la prison à vie, 4 fois acquittée. Après 20 ans d’attente, en janvier 2017, le procureur de la Cour de Cassation a demandé une condamnation à perpétuité.

* Asli Erdoğan, poétesse et romancière turque, arrêtée en août 2016 et libérée en décembre 2016. Une liberté conditionnelle, menacée de prison à vie pour ses chroniques dans un journal aujourd’hui interdit.

* Fatima Naout, écrivaine et chroniqueuse égyptienne, condamnée en janvier 2016 à 3 ans de prison pour “insulte à l’islam” sur Facebook. Elle regrettait que ses propos aient été mal compris. Elle a plaidé non coupable.

* Razan Zaitouneh, écrivaine, avocate, défenseuse des droits de l’homme syrienne, co-fondatrice du Centre de documentation sur les Violations. Enlevée le 9 décembre 2013 en compagnie de ses deux collègues Samira Al-Khali et Nazem Al-Hamadi et son époux Waël Hamada. Depuis lors, on en est sans nouvelles. Les auteurs de l’enlèvement restent inconnus.

* Zehra Doğan, poétesse, journaliste, peintre kurde (Turquie), arrêtée le 24 mars 2017 et condamnée à 2 ans et 9 mois de prison. Son crime :‘’propagande pour une organisation terroriste’’. Déjà été placée en détention préventive en juillet 2016 avant d’être libérée sous contrôle judiciaire en décembre 2016.

Face à l’intolérance, la haine et la mort, puissions-nous rester unis de cœur et d’âme, dans notre diversité linguistique et culturelle. Et d’un commun accord, exprimons notre indignation, manifestons notre solidarité avec les gens de plume et les professionnels des médias contre l’ombre du menace, de la complicité et de la complaisance. Elevons notre voix humaine, brisée mais limpide, pour allumer une bougie, si fragile soit-elle, contre la nuit glaciale de l’indifférence, du silence et de l’oubli.

Nguyên Hoàng Bao Viêt* Vice président du Centre PEN Suisse Romand

Pour le Comité de Défense des Ecrivains et des Ecrivaines emprisonnés.

*membre du Centre Indépendant des Ecrivains vietnamiens (en exil).

PENS AND WORDS FACING INTOLERANCE, HATE AND DEATH

Celebrated on 15 November 2017, Writers in Prison Day reminds us of a sad reality: the degrading situation of freedom of expression and opinion in many countries. Last September, in Lviv, the cultural capital of Ukraine, « Reclaiming Truth in times of Propaganda’’ was the Theme of the 83rd World Congress of PEN International. The writers attending the Congress were greeted on arrival at the Lviv airport by young Ukrainian volunteers holding ‘‘Oleg Sentsov’’ signs. This Ukrainian artist and filmmaker, Oleg Sentsov, born in Simferopol, Crimea, was abducted shortly after the annexation of his hometown. He was allegedly given the Russian nationality by force. Transferred to Russia, he was sentenced to 20 years in prison after an unfair trial. Today, he is serving his sentence in a detention centre in Yakutsk, Siberia. In fact, one of the Empty Chairs is reserved for him at the centre of the Congress. Like Russia, the United States of America and China are also serious concerns for PEN International. Still in terms of freedom of expression and opinion, some ten resolutions adopted in Lviv also concern Ukraine, Venezuela, Mexico, Turkey, Eritrea, Spain, Kazakhstan, Poland, Hungary, Honduras, India, SR of VietNam, Autonomous Regions of Tibet, Uygur, Inner Mongolia and Hong Kong and PR China. Furthermore, PEN International Congress has said No to blasphemy and death penalty by adopting two resolutions.

In the face of dictatorial and corrupt powers, armed crime groups or war fires, writers and journalists have only speeches and words. Several hundreds of women and men have been threatened, harassed, assaulted, tortured, imprisoned, deported, taken hostage, killed with impunity or forced into exile because of their writings, drawings or words. Hundreds of authors and media professionals are serving heavy prison sentences. Inhumane conditions of detention. The proof is: having almost completed his 12-year prison sentence and been released in August 2017 to withdraw a brain tumor, the writer Yang Tongyan died on 8 November, 2017. A tragedy, an unspeakable crime when jailers, those especially from Beijing and Hanoi, do not release their prisoners of opinion and conscience until the approach of their certain death. Already in July 2017, before the disappearance of Yang Tongyan, we failed in our collective campaigns to give a little hope of Malraux, a ray of freedom of Eluard and a moment of life of Hugo and Prévert to our brother and fellow writer Liu Xiaobo who died of liver cancer, a few weeks after his conditional release. Or let us not forget the murders of Gauri Lankesh, Daphne Caruana Galizia and Yameen Rashid, as well as the barbaric execution of Anabel Flores Salazar the previous year. Turkey is the biggest prison for writers and journalists. But the concentration camps are in China, Tibet, North Korea and Viet Nam. In the year 2017, more than 50 journalists and writers were killed, murdered or missing: 11 in Mexico, 9 in Syria, 8 in Iraq, 4 in the Philippines, 2 in China, India, Somalia and Yemen, and 1 in Afghanistan,

Bangladesh, Burma, Brazil, Colombia, Denmark, Honduras, Maldives, Malta, Russia and South Sudan.                                                                                                                                    

In this Day marked by Memories and Gratitude, the PEN Suisse Romand Centre wishes to pay homage to women writers murdered or persecuted all over the world. Among many other cases mentioned in the non-exhaustive list published by the Writers in Prison Committee of PEN International, for example:

* Anna Politkovskaya, Russian journalist and human rights defender, murdered on 7 October 2006 in Moscow. Well known for her denunciations of human rights violations in Russia and Chechnya.

* Anabel Flores Salazar, Mexican journalist, mother of a 15-day-old baby and a 4-year-old boy, abducted on 8 February, 2016, whose body was found on 9 February on the Cuacnopalan-Oaxaca road in the state of Puebla, the head surrounded by a plastic bag.

* Gauri Lankesh, Indian journalist, publisher and human rights defender, well known for her stance in favor of women and against the caste system and racism. She was murdered at her home in Bangalore on 5 September 2017.

* Daphne Caruana Galizia, Maltese journalist and columnist, very popular because she had been on the front line for years against corruption and organized crime. She was murdered after her car was trapped on 16 October 2017 in Malta.

* Liu Xia, poet and Chinese artist, the widow of Liu Xiaobo, Nobel Peace Prize, forcibly isolated and placed under strict house arrest in a secret location since the tragic death of her husband in July 2017.

* Nguyen Ngoc Nhu Quynh, pen-name Me Nâm (Mother Mushroom), Vietnamese blogger and human rights defender, mother of an 11-year-old girl and a 5-year-old boy, sentenced to 10 years in prison in June 2017 for « propaganda against the socialist state ».

* Tran Thi Nga, Vietnamese blogger and human rights defender, mother of 2 girls aged 6 and 4, sentenced to 9 years in prison in July 2017 for « propaganda against the socialist state ».

* Dareen Tatour, Palestinian poet, arrested in October 2015 for her poem published on YouTube. In January 2017, placed under house arrest pending her trial in November. She faces 8 years in prison for her « incriminated » poems.

* Pinar Selek, Turkish sociologist and writer. She was tortured before the exile in France. 4 times sentenced to life imprisonment, 4 times acquitted. After 20 years of waiting, in January 2017, the prosecutor of the Court of Cassation asked for a life sentence.

* Asli Erdoğan, Turkish poet and novelist, arrested in August 2016 and conditionally released in December 2016. Threatened with life imprisonment for her chronicles in a newspaper today banned.

* Fatima Naout, Egyptian writer and columnist, sentenced in January 2016 to 3 years in prison for « insulting Islam » on Facebook. She regretted that her remarks were misunderstood. She pleaded not guilty.

* Razan Zaitouneh, Syrian writer, lawyer, human rights defender and co-founder of the Violations Documentation Centre. Abducted on 9 December 2013 with her two colleagues Samira Al-Khali and Nazem Al-Hamadi and her husband Wael Hamada. Since then, there has been no news of Razan Zaitouneh . The perpetrators of the abduction are still unknown.

* Zehra Doğan, Kurdish poet, journalist and painter (Turkey), arrested on 24 March 2017 and sentenced to 2 years and 9 months in prison. Her crime: « propaganda for a terrorist organization ». Already placed in pre-trial detention in July 2016 before being released under judicial supervision in December 2016.

In the face of intolerance, hate and death, may we remain united in heart and soul in our linguistic and cultural diversity. And by mutual agreement, let us express our outrage, show our solidarity with writers and media professionals against the shadow of threat, complicity and complacency. Let us raise our human voice, broken but limpid, to light a candle, however fragile it is, against the cold night of indifference, silence and oblivion.

Nguyên Hoàng Bao Viêt *

Vice President of the PEN Suisse Romand Centre. For the Writers in prison Committee.

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  Emprisonné, mais pas réduit au silence – Pour la journée de l’Écrivain en Prison, PEN affiche

 sa solidarité avec les écrivains emprisonnés en raison de leurs travaux.

 

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Centre PEN Suisse romand

Comité de Défense des Ecrivains et des Ecrivaines emprisonnés

JOURNÉE DES ECRIVAINS EN PRISON

Fondation Bodmer, 15 novembre 2017, 18:00 Rue Martin-Bodmer 19-21 1223 Cologny, Genève

Soirée de Lecture en Solidarité avec les Femmes Ecrivains

menacées, persécutées, emprisonnées, assassinées partout dans le monde

Invitées : Necmiye Alpay, linguiste turque, récemment sortie de prison, et Efe Duyan, poète et éditeur.

Ouverture de la soirée : une visite guidée du musée sous l’angle carcéral par le professeur Jacques Berchtold et sera agrémentée par des interludes de la violoniste polyvalente Marie Schwab.

Poèmes et textes avec Pauline Desnuelles, Heike Fiedler, Hoàng Nguyên, Bruno Mercier, Alix Parodi.

Poète derrière les barreaux

Poème de Dareen Tatour (2 novembre 2015)

En prison j’ai rencontré des gens,

beaucoup de gens, trop pour être comptés :

tueurs et criminels,

sincères et impies,

égarés et inquiets,

délinquants et affamés …

Ou malades de la patrie,

nés du tréfonds de la douleur,

ayant survécu à l’injustice,

puis devenus enfants et, leur innocence violée,

étourdis par la violence de ce monde.

Ils avaient grandi …

Avec eux, la tristesse avait grandi,

grandi encore face à la répression,

telle la rose dans une terre de sel.

Ils avaient embrassé l’amour sans peur,

mais commis la faute de dire :

« Ce pays, nous l’aimons infiniment ».

Ils ne savaient ce qu’ils faisaient …

L’amour devint leur crime,

la prison le destin des amoureux …

Moi je dialoguais avec mon âme

quand doute et délire m’envahissaient :

« Quel est ton crime ? »

J’en ai oublié le sens,

mais, laissant s’écouler mes pensées,

j’ai écrit, parlé de l’injustice,

l’encre d’un poème disait mon espoir.

L’accusation habite mon corps tout entier,

je suis poète en prison,

poète au pays de l’art.

Mes mots sont mes chefs d’accusation,

ma plume l’instrument de mon crime,

l’encre – sang de mon cœur – s’est faite témoin

et lit l’acte d’accusation.

Mon destin, ma vie, écoutez

ce qu’a déclaré le juge.

Mon poème est sur le banc des accusés,

déclaré criminel.

Au pays de la liberté,

la prison est le destin de l’art.

Traduit par Claude Krul (22 septembre 2016)                                       PEN Suisse Romand

 

Regards sur certains pays à haut risque    pour les écrivains et les journalistes

Algérie

Anouar Rahmani, romancier et défenseur des droits de l’homme. Il exprime ses opinions sur son blog à propos de la liberté d’expression, de la liberté de conscience, l’environnement et les droits des minorités et des personnes LGBT en Algérie. Dans ses écrits, il plaide pour plus de libertés individuelles dans le pays, pour une coexistence pacifique et pour la tolérance au sein de la société algérienne.

PEN International est profondément préoccupée par la situation de l’Anouar Rahmani ( أنور رحماني), qui fait l’objet d’une enquête criminelle suite à la publication d’un roman intitulé « La ville des ombres blanches », dans lequel il est accusé d’insultes à l’islam. En fait, le livre ‘’incriminé’’ parle de la tolérance, de l’histoire et d’amour après la révolution française, et il fait référence à un vieil homme qui pense être Dieu. Rahmani est actuellement en liberté en attendant la décision du procureur de la République de l’inculper ou non. Il encoure une peine de trois à cinq ans de prison. Les lois algériennes relatives au blasphème portent atteinte aux droits à la liberté d’expression, de conscience et de religion. Le Comité des Ecrivains en prison demande l’abandon de l’enquête criminelle à l’encontre d’Anouar Rahmani.

Arabie Saoudite

Ashraf Fayadh, poète, artiste et conservateur palestinien, né en Arabie Saoudite. Il a été arrêté une première fois en janvier 2014, accusé d’apostasie et d’avoir encouragé l’athéisme auprès des jeunes. En mai 2014, Fayadh est condamné à 4 ans de prison et 800 coups de fouet. Après avoir fait appel de cette peine, il est jugé à nouveau en novembre 2015 et est condamné à mort. En février 2016, sa peine est commuée en 8 ans de prison et 800 coups de fouet. Durant la dernière audience, Fayadh a exprimé sa repentance pour tout ce qui dans son livre avait pu être perçu comme insultant par les autorités religieuses, en déclarant ‘’Je me repens devant Dieu Très-Haut et je suis innocent des accusations portées sur le contenu de mon recueil qui est présenté dans cette affaire’’. Fayadh a également fait appel de cette nouvelle condamnation. Il est depuis détenu en prison dans la ville d’Abha. Le Comité de Ecrivains en prison continue à appeler les autorités à libérer immédiatement et sans condition Ashraf Fayadh, puisqu’il est détenu seulement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression de manière pacifique.

Yémen

Yahya al-Jubaihi, célèbre écrivain et journaliste yéménite. Il était maintenu en détention arbitraire depuis septembre 2016, comme d’autres journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des membres de la communauté baha’ie au Yémen. Il aurait été condamné à mort en avril 2017 par un tribunal à Sanaa. Le Comité des Ecrivains en prison redoute que cette détention ainsi que la peine de mort soient la conséquence des articles de Yahya al-Jubaihi contre la rébellion houthie. Notre organisation demande l’annulation de la condamnation à mort de Yahya al-Jubaihi. Ce dernier doit être remis en liberté ou rejugé selon une procédure conforme aux normes internationales relatives à un procès équitable et sans recours à la peine de mort, our remis en liberté.

Guinée Equatoriale

Ramón Esono Ebalé, alias Jamon y Queso, auteur, dessinateur et caricaturiste bien connu. Il utilise ses dessins pour mettre en lumière les violations aux droits de la personne commises par l’État. Son blogue satirique Las Locuras de Jamón y Queso, a été bloqué par les autorités de la Guinée Équatoriale. En 2014, il a publié un roman graphique, La pesadilla de Obi (Le Cauchemar d’Obi), auquel il a contribué par ses illustrations. Le roman présente le président comme un citoyen ordinaire, subissant les injustices de son propre régime. Il a été arrêté le 16 septembre 2017 à Malabo. Après avoir été d’abord interrogé relativement à certains de ses dessins critiques, les médias ont rapporté, quelques jours plus tard, qu’il faisait l’objet d’une enquête pour blanchiment d’argent et contrefaçon. Il a ensuite été envoyé à la prison Black Beach, à Malabo, où il est détenu de façon préventive pour la durée des enquêtes. Il n’existe toujours aucune charge pesant contre lui. Le Comité des Ecrivains en prison appelle les autorités à le libérer immédiatement et sans condition.                                                                                -10-

Erythrée

La situation actuelle de l’Érythrée, en matière de la liberté d’expression, reste très préoccupante. L’Érythrée est devenue, en l’espace d’une décennie, l’un des pays du monde méprisant le plus les droits de l’Homme et la plus grande prison pour les journalistes en Afrique. En juillet 2001, le gouvernement érythréen a engagé une campagne répressive dans le but de faire taire toute critique à son encontre. De nombreuses arrestations ont eu lieu impliquant opposants politiques, étudiants et de nombreux journalistes. Selon les informations de PEN International, il y aurait plusieurs dizaines de journalistes, écrivains et militants politiques détenus arbitrairement pour avoir exercé leur droit de s’exprimer librement. Le Comité des Ecrivains en prison a mené des campagnes ciblées sur l’Erythrée où au moins quatre, ou peut-être  même sept des journalistes arrêtés en 2001 seraient morts en détention. Le Comité appelle à la libération immédiate de tous les journalistes et écrivains détenus arbitrairement et enjoint le gouvernement érythréen de mettre un terme aux atteintes à la liberté d’expression et au recours systématique à la détention au secret d’écrivains et de journalistes sans procès. Parmi les victimes de la répression, se trouvent :

David Isaak, journaliste, dramaturge et poète suédo-érythréen, Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano 2017. Exilé à Stockholm en 1987, il est retourné dans son pays natal au lendemain de son indépendance et devenu l’un des fondateurs et reporters de Setit, le premier journal indépendant du pays. Dawit Isaak était connu pour ses reportages critiques et engagés. Dawit Isaak a passé plus de 16 ans en prison sans inculpation ni jugement. Il demeure détenu incommunicado.

Amanuel Asrat, poète érythréen primé, critique et rédacteur en chef de l’éminent journal ዘመን (« Zemen », qui veut dire ‘’Le Temps’’. Il a été arrêté à son domicile le 23 septembre 2001. On rapporte qu’il est détenu sans aucune accusation définie et sans avoir bénéficié d’un procès. Asrat serait incarcéré dans la prison de haute sécurité Eiraeiro, située au nord d’Asmara.

Idris Said Aba Arre, écrivain et ancien combattant handicapé de la guerre d’indépendance d’Erythrée et opposant déclaré de la politique éducative sur la langue maternelle du pays. Il a été arrêté au mois d’octobre 2001 après avoir dénoncé l’arrestation du G-15, un groupe d’hommes politiques détenus pour avoir publié une lettre ouverte en faveur du changement démocratique en Érythrée. Il était l’auteur d’un ouvrage sur l’éducation dans la langue maternelle dans lequel il critiquait la politique adoptée par le gouvernement dans le domaine de la langue depuis l’indépendance. Cet article intitulé ‘’Education in Mother-tongue : Between the Anvil of Popular Rejection and the Hammer of the Academic of the Ministry of Education’’ (Éducation dans la langue maternelle : entre le marteau du ministère de l’Éducation nationale et l’enclume du rejet populaire) met en exergue la tendance du gouvernement à avoir recours au tigrigna comme langue officielle par défaut, l’un des neuf groupes de langue dans le pays, et souligne la façon dont cette politique entraîne de très forts désavantages pour les membres des autres groupes linguistiques. Depuis son arrestation en 2001, Aba Arre est en détention au secret.

Medhanie Haile, ancien chroniqueur sportif et avocat de profession. Il travaillait au ministère de la justice au moment de son arrestation en septembre 2001. Haile reste surtout connu pour ses articles critiques qui demandent que la primauté du droit soit fermement établie dans le pays après l’indépendance. Haile écrivait souvent des éditoriaux qui traitaient de la Loi et de l’ordre. Il a souligné l’importance d’une presse libre dans la construction d’une société dynamique et responsable. Medhanie est censé être mort en détention, selon un ancien gardien de prison. Sa mort, qui n’a pas été officiellement confirmée, a été attribuée à des conditions difficiles et un manque d’attention médicale.

Seyoum Tsehaye, journaliste indépendant et photographe, co-fondateur et premier directeur de la chaîne de télévision Eri-Tv. Il a été arrêté en septembre 2001 avec le groupe politique réformiste connu sous le nom de ‘’G15’’. Il serait incarcéré à la prison secrète Eiraeiro.

Egypte

Hesham Gaafar est un éminent écrivain égyptien et le directeur de Mada Foundation for Media Development (MADA). Gaafar a été arbitrairement détenu depuis le 21 octobre 2015, lorsque des dizaines d’agents armés du service de sécurité égyptien ont attaqué les bureaux de Mada et ont arrêté Gaafar avant de le détenir pendant plusieurs jours dans un lieu inconnu. Depuis lors, il a été maintenu en détention provisoire principalement à la prison de Tora, et sa famille n’est autorisée à le visiter que sporadiquement. La santé de Gaafar se détériore gravement depuis son arrestation en raison des mauvaises conditions de détention et du manque d’accès à des soins médicaux adéquats. PEN International pense que la détention de Gaafar est liée à ses écrits et à son activisme dans la société civile. PEN appelle à sa libération immédiate et inconditionnelle, ainsi qu’à un accès immédiat à un traitement médical adéquat et à l’amélioration de ses conditions de détention. Les autorités égyptiennes devraient également respecter pleinement le droit de Gaafar à la liberté d’expression et d’opinion.

Honduras

Cesario Alejandro Félix Padilla Figueroa, journaliste, dirigeant étudiant, et membre fondateur de PEN Honduras. Le 7 juin 2017, il a été reconnu coupable d’usurpation à l’Université Nationale Autonome du Honduras avec deux autres étudiants pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de manifestation. Le crime est punissable d’une peine d’emprisonnement de 3 à 5 ans. Pour rappel, Cesario Alejandro Félix Padilla Figueroa a subi des poursuites, des menaces et du harcèlement pour sa participation à des manifestations estudiantines continues à l’Université Nationale Autonome du Honduras (UNAH) à Tegucigalpa, la capitale du pays, depuis 2014. PEN International croit que Cesario Alejandro Félix Padilla Figueroa et les autres étudiants sont persécutés pour avoir exercé leur droit à liberté  d’expression, d’association et de réunion. Leur droit fait partie de la constitution du pays (articles 72-75 et 79), ainsi que la Convention américaine relative aux droits de l’homme (Articles 13 et 15), la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme approuvée par l’ONU en 1999 et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (articles 19 et 21), dont  le Honduras est un État partie. Le Comité des Ecrivains en prison demande aux autorités honduriennes de ne pas criminaliser les manifestations sociales et d’annuler la décision rendue contre Cesario Alejandro Félix Padilla Figueroa et ses collègues.

Israël        

Dareen Tatour, poétesse et citoyenne palestinienne de l’État d’Israël. Elle a été arrêtée en octobre 2015 pour son poème publié sur YouTube. En janvier 2017, elle a été placée en résidence surveillée en attendant son procès en novembre prochain. Elle est actuellement sous le coup de poursuites pour ‘’soutien à une organisation terroriste’’, ainsi que pour des ‘’incitations à la violence’’ liées à son activité de poète et sur les réseaux sociaux. Elle encourt 8 ans de prison.

Bahreïn

Nabeel Rajab, avocat et défenseur des droits de l’homme, Président du ‘’Centre de Bahreïn pour les droits de l’Homme’’, Directeur du Centre du Golf pour les Droits de l’Homme et Sous-Secrétaire général de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme. Le 10 juillet 2017, l’éminent défenseur des droits humains Nabeel Rajab a été condamné par contumace à deux ans de prison par un tribunal de première instance de la capitale bahreïnite, Manama. Il a été reconnu coupable d’avoir «publié et diffusé des rumeurs et de fausses informations au sujet de la situation interne du pays qui risquent de porter atteinte à son prestige et à son statut», en lien avec des interviews télévisées qu’il a données en 2015 et en 2016. Nabeel Rajab est en convalescence à l’hôpital du ministère de l’Intérieur, à Al Qalaa, suite à deux opérations qu’il a subies en avril et en mai. Malgré les rapports du personnel médical de l’hôpital confirmant que Nabeel Rajab n’était pas en état d’assister aux audiences, le procès s’est poursuivi. Nabeel Rajab doit également assister à une audience au tribunal le 7 août pour une affaire séparée, en raison de commentaires qu’il a publiés et fait suivre sur son compte Twitter, qui portaient sur la guerre au Yémen et sur des allégations faisant état d’actes de torture commis à la prison de Jaww à la suite d’une mutinerie survenue en mars 2015. Il est inculpé pour «diffusion de fausses rumeurs en temps de guerre», «outrage aux autorités publiques [le ministère de l’Intérieur]» et «outrage à un pays étranger», et s’il est déclaré coupable, il encourt jusqu’à 15 ans de prison. Le 28 décembre 2016, lors d’une précédente audience sur cette affaire, le tribunal a ordonné la libération de Nabeel Rajab. Cependant, les autorités ont refusé de le remettre en liberté. Il a été immédiatement réarrêté et placé en détention dans le cadre d’une autre enquête concernant des interviews télévisées. Le comité des Ecrivains en prison Le Comité des Ecrivains en prison appelle les autorité de Bahreïn à libérer Nabeel Najab immédiatement et sans condition, ainsi que tous les autres défenseurs des droits de l’homme qui ont été détenus arbitrairement.

SYRIE : DECLARATION ORALE DU PEN INTERNATIONAL SUR LA DÉTÉRIORATION CONTINUE DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION EN SYRIE

Le 14 juin 2017 Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU – 35è session ordinaire

Point 4 : Situations relatives aux droits de l’homme qui requièrent l’attention du Conseil

Transmise par Sarah Clarke, PEN International

Monsieur le Président,

PEN international reste profondément préoccupée par la situation déplorable de la liberté d’expression en Syrie. Comme la Commission d’Enquête l’a relevé, le conflit est maintenant entré dans sa septième année et des violations massives des droits humains, dont des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, persistent.

Les journalistes syriens, internationaux et les écrivains sont gravement menacés par le régime syrien et les autres groupes engagés dans le conflit. La Syrie compte le plus grand nombre de journalistes tués dans le monde, avec plus de 100 morts depuis le début de la guerre. Des centaines de citoyens journalistes ont été tués en documentant les violations des droits humains. Des milliers d’autres, y compris des poètes, des dramaturges et des cinéastes, ont été arbitrairement détenus, torturés et ont disparu.

PEN International a documenté beaucoup de ces cas et aujourd’hui nous attirons l’attention du Conseil sur la disparition forcée de l’écrivain Hussein ESSOU et la détention d’Ali AL-SHIHABI, l’analyste politique syro-palestinien et blogueur, arrêté le 17 décembre 2012 par la branche palestinienne des services de renseignements militaires syriens et détenu dans un lieu inconnu. En outre, les autorités syriennes utilisent systématiquement la loi anti-terrorisme de 2012 et d’autres dispositions vaguement exprimées dans le code pénal syrien pour arrêter et poursuivre ceux qui ont exprimé une critique contre les autorités syriennes.

Monsieur le Président, les dimensions internationales et régionales de ce conflit exigent des efforts communs de toutes les parties pour mettre fin à cette guerre et assurer une transition démocratique et une paix durable. La liberté d’expression est la pierre angulaire du dialogue nécessaire pour la responsabilité, la justice et la paix. Les voix de citoyens syriens incluant les organisations de la société civile, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et les écrivains, sont essentielles pour la réussite du processus de paix.

Les autorités syriennes ont pour obligation primordiale de protéger et d’assurer le droit à la liberté d’expression, conformément à ses engagements en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

PEN international appelle le Conseil, ses membres et les états observateurs d’exiger des autorités syriennes de :

  • Libérer immédiatement tous ceux qui ont été détenus pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et d’opinion ;
  • Mettre fin aux poursuites contre les journalistes et les écrivains, basées simplement sur le contenu de leurs écrits ou leurs affiliations présumées ;
  • Arrêter la politique de torture, des disparitions forcées et des exécutions extrajudiciaires ;
  • Mettre fin aux trop vastes dispositions juridiques, en particulier dans la loi “anti-terrorisme” et dans le code pénal syrien, dont l’application est incompatible avec les obligations internationales en matière de droits humains ;
  • Assurer une transition politique en Syrie qui mettra fin au conflit en cours et aux violations massives des droits humains. Merci Monsieur le Président.

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Exécution sommaire du défenseur des droits de l’homme Bassel Khartabil

2-août-2017. La famille de Bassel Khartabil, un ingénieur logiciel syro-palestinien et activiste pour la liberté d’expression, a confirmé qu’il a été exécuté sommairement en octobre 2015. Les soussignés des organisations de défense des droits humains condamnent l’exécution sommaire de Khartabil et demandent une enquête sur les circonstances entourant sa mort.

Le 1er août 2017, Noura Ghazi Safadi, épouse de Khartabil, a annoncé sur Facebook que son mari avait été tué. Elle a écrit : “Les mots sont difficiles à trouver alors que je suis sur le point d’annoncer, au nom de la famille de Bassel et de la mienne, la confirmation de la condamnation à la peine de mort et de l’exécution de mon mari, Bassel Khartabil Safadi. Il a été exécuté quelques

jours seulement après avoir été emmené de la prison d’Adra en octobre 2015. C’est la fin quiconvient à un héros comme lui”. Avant son arrestation, Bassel Khartabil a utilisé son expertise technique pour aider à promouvoir la liberté d’expression et l’accès à l’information par Internet. Il a remporté de nombreux prix, dont le Prix de la liberté numérique de la Censure de 2013 pour l’utilisation de la technologie pour promouvoir un Internet ouvert et gratuit, et a été nommé l’un des 100 meilleurs penseurs mondiaux du magazine de la politique étrangère de 2012. Le 21 avril 2015, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a déclaré que sa détention était une violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et a appelé à sa libération, mais les autorités syriennes ont toujours refusé de le libérer.

Plusieurs  organisations dont PEN International expriment le chagrin le plus profond à la mort de Bassel Khartabil.

Nous demandons aux autorités syriennes de :

  • Révéler immédiatement les circonstances de l’exécution de Bassel Khartabil;
  • Mettre fin aux exécutions extra-judiciaires, aux disparitions forcées, aux arrestations arbitraires, et à la torture et autres mauvais traitements ;
  • Libérer tous les prisonniers en Syrie détenus pour exercer pacifiquement leurs droits légitimes à la liberté d’expression et d’association.

 

Chine

Liu Xia, poétesse et artiste chinoise, membre fondatrice du Centre PEN Indépendant Chinois.

Depuis l’arrestation de son mari, le poète Liu Xiaobo, incarcéré et condamné à 11 ans de prison suite à sa nomination pour le prix Nobel de la paix en octobre 2010, elle est enfermée dans son appartement de Pékin. Sans pouvoir utiliser ni internet ni téléphone, sans pouvoir choisir le médecin qui la suit et sans aucune visite depuis l’arrestation. On rapporte que la santé de Liu Xia, à la fois mentale et physique, décline depuis sa détention. En janvier 2014, Liu Xia est emmenée d’urgence à l’hôpital de Pékin suite à une ischémie du myocarde (insuffisance de circulation du sang jusqu’au cœur). De retour à l’hôpital pour de plus amples tests le 8 février 2014, elle est ressortie dès le lendemain. On rapporte que son état nécessiterait des soins médicaux spécialisés. Sa ligne téléphonique a été reconnectée après son hospitalisation afin qu’elle ait la possibilité d’appeler les secours en cas d’urgence. À la suite ce cet incident, Liu a demandé à maintes reprises l’autorisation de quitter la Chine afin de bénéficier de soins médicaux à l’étranger, mais sa demande a été refusée.

Le 13 juillet 2017, Liu Xiaobo est décédé d’un cancer du foie dans un hôpital chinois, quelques semaines après avoir été placé en liberté conditionnelle pour raisons de santé. Liu Xia avait été vue pour la dernière fois sur des images diffusées le 15 juillet par les autorités chinoises, et qui la montraient assister aux obsèques de son mari. Les cendres de l’intellectuel ont ensuite été dispersées en mer près de la ville de Dalian. Après de longues semaines sans nouvelles, la veuve du Prix Nobel de la paix Liu Xiaobo est réapparue vendredi 18 août 2017 dans une vidéo publiée sur Internet. Sur les images, Liu Xia, habillée d’un T-Shirt et d’un pantalon noirs, est assise sur un canapé à côté d’une table basse et tient une cigarette allumée dans la main. L’auteur, le lieu et la date de tournage des images ne sont pas précisés.

PEN International pense toujours que l’arrestation extrajudiciaire sous stricte résidence surveillée que subit Liu Xia est une forme de sanction suite au travail de son mari, Liu Xiaobo, en faveur des droits de l’Homme, et émet d’importantes inquiétudes quant à l’intégrité physique et psychologique de Xiu Lia. Aujourd’hui, après la disparition tragique de Liu Xiaobo, PEN International est profondément préoccupé par la santé et le bien-être de la poétesse, artiste et membre fondatrice du Centre PEN indépendant chinois, Liu Xia, après avoir appris que les tentatives pour la contacter, après la mort de son mari, écrivain et lauréat du prix Nobel, Liu Xiaobo, en ont été empêchées par les autorités chinoises, malgré leur affirmation qu’elle est « libre ». Liu Xia a été soumise à résidence surveillée, non officielle, sans mise en accusation depuis que Liu Xiaobo a été nommé lauréat du Prix Nobel de la paix en octobre 2010. PEN International appelle les autorités chinoises à lever toutes les restrictions restantes imposées à Liu Xia de manière immédiate et inconditionnelle.

Liu Xiaobo – Tu m’attends dans la Poussière

Pour ma femme qui m’attend tous les jours

Il ne reste plus rien en ton nom, plus rien

mais je te vois m’attendre dans la poussière de notre foyer

avec ces couches accumulées,

débordant dans tous les coins

tu n’as pas envie de tirer les rideaux

pour laisser la lumière entrer et déranger leur tranquillité

au-dessus de l’étagère, l’étiquette manuscrite est recouverte de poussière

sur le tapis, le dessin inhale la poussière

quand tu écris une lettre pour moi

et tu aimes que la pointe de ta plume soit enrobée de poussière

mes yeux sont criblés de douleur

te voilà assise toute la journée,

sans oser bouger

de peur que tes pas ne piétinent la poussière

tu essaies de maîtriser le rythme de ta respiration

en usant du silence pour écrire une histoire.

Dans des moments comme ceux-ci

la poussière étouffante

offre la seule fidélité

ta vision, ton souffle et le temps

pénètrent la poussière

jusqu’au fond de ton âme

la tombe est petit à petit envahie,

d’abord depuis les pieds

ensuite jusqu’à la poitrine

et enfin à la gorge

tu sais que la tombe

est ta meilleure place de repos

pour m’y attendre

sans aucune source de peur ni d’angoisse

c’est pourquoi tu préfères la poussière

dans la nuit noire, dans l’étouffement silencieux

de cette longue attente, oui, tu m’attends

tu m’attends dans la poussière

repoussant la lumière du soleil et arrêtant le mouvement de l’air,

laisse donc la poussière t’enfouir totalement

laisse-toi juste t’endormir dans la poussière

jusqu’à mon retour

et que je te vois sortir réveillée

secouant la poussière qui recouvre ta peau et ton âme.

Quel miracle – tu es revenue de la demeure des morts. (9 avril 1999)

traduction française de Nguyên Hoàng Bao Viêt

http://www.greens-efa.eu/fr/liberez-liu-xiaobo-5598.html

Viêt Nam

Les écrivains, les journalistes, les blogueurs et les avocats sont souvent des cibles d’agressions physiques violentes par des autorités ou des assaillants non identifiés. Ils font l’objet des arrestations arbitraires, de mesures de détention provisoire indûment longues, de restrictions quant à l’accès à un avocat, de procès inéquitables et de lourdes peines de prison. Dans les camps de travail forcé, ils sont soumis à des traitements cruels, inhumains ou dégradants, y compris des conditions de prison surpeuplée et insalubre, sous-alimentation et réclusion cellulaire. Les prisonniers malades ne disposent pas d’un accès adéquat aux soins médicaux. Une fois relâchés, ils sont assujettis à de longues périodes de détention probatoire, souffrent des harcèlements et risquent de nouvelles arrestations. Les anciens prisonniers peuvent être soumis à des restrictions de leur droit de circuler librement par interdiction de voyage et confiscation de passeport. Certains ont été contraints à l’exil. PEN International condamne fermement la répression contre la liberté d’expression et le maintien en prison de plusieurs écrivains, journalistes, des blogueurs et des avocats, dans le cadre de l’exercice pacifique de leurs droits fondamentaux ci-dessus mentionnés. Parmi beaucoup d’autres cas qui préoccupent :

  1. Tran Huynh Duy Thuc (né en 1966), poète, blogueur, écrivain en ligne et homme d’affaires. Co-auteur de l’ouvrage interdit La Voie du Viet Nam, il a publié des poèmes et des articles sur ses divers blogs en ligne. Arrêté en mai 2009, il a été condamné, en janvier 2010, à 16 ans de prison et à 5 ans de détention probatoire pour «s’être livré à la propagande contre l’Etat RSV et des activités destinées à renverser le pouvoir populaire». En mars 2016, il avait fait la grève de la faim pendant 13 jours pour protester contre la conduite inacceptable des gardiens de prison, dont notamment la restriction arbitraire des droits des prisonniers. En mai 2016, il a été déporté dans un nouveau camp, à quelque 1 400 kilomètres de la ville où vit sa famille. Le 29 août 2012, le Groupe de Travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire a conclu que Tran Huynh Duy Thuc était détenu arbitrairement. Sa vue serait défectueuse par les conditions de son emprisonnement ;
  2. Nguyen Van Dai (né en 1969), journaliste, blogueur et avocat spécialiste des droits de l’homme, ancien membre de l’Association des avocats de Hanoi, co-fondateur de la Commission de promotion et de défense des Droits de l’Homme et de la Fraternité pour la Démocratie (2013). Nguyen Van Dai a apporté son conseil à des défenseurs des droits de l’homme et des minorités religieuses. Le 16 décembre 2015, Nguyen Van Dai et sa collègue Le Thu Ha ont été arrêtés pour «s’être livrés à la propagande contre l’État RSV». Il a été placé en détention provisoire depuis lors. Nguyen Van Dai n’a pas été autorisé à rencontrer son conseiller juridique et n’a pu rencontrer sa femme qu’à deux reprises. Selon le Code vietnamien de procédure pénale, les avocats de Nguyen Van Dai seront autorisés à le rencontrer pour préparer sa défense une fois que l’agence de police aura terminé son enquête. Nguyen Van Dai avait purgé une peine antérieure de 4 ans de prison (2007-2011) pour le même délit. Après sa libération, il a fait l’objet de harcèlement et d’agressions et de menaces sérieuses contre sa vie et sa famille. Par exemple, le 11 décembre 2015, le porte-parole du Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l’Homme a condamné une agression contre Nguyen Van Dai cinq jours avant par des hommes masqués présumés être des policiers en civil. Dans un avis adopté le 25 avril 2017, le Groupe de Travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire a conclu que sa détention était arbitraire. Il y a des raisons de craindre pour sa santé. Cinq autres membres de la Fraternité pour la Démocratie et anciens prisonniers d’opinion, Nguyen Bac Truyen, Nguyen Trung Ton, Pham Van Troi, Truong Minh Duc et Nguyen Van Tuc ont été arrêtés à nouveau en juillet et en septembre 2017. Tous ces accusés, y compris Nguyen Van Dai et Le Thu Ha, seraient jugés pour «Activités visant à renverser l’administration populaire» selon l’article 79 du Code pénal et risquent la peine de mort s’ils sont reconnus coupables.
  3. Nguyen Ngoc Nhu Quynh (née en 1979), nom de plume Me Nâm (Champignon Mère),  blogueuse prolifique, défenseuse des droits de l’homme, cofondatrice du Réseau des Blogueurs vietnamiens. Arrêtée le 10 octobre 2016, elle a ensuite été reconnue coupable d’avoir «conduit une propagande contre la RSV» et condamnée à 10 ans de prison le 29 juin 2017. L’acte d’accusation a porté sur plusieurs centaines de publications sur Facebook ainsi qu’un document intitulé «Arrêtez la Police de Tuer des Civils – SKC qui aurait été trouvé chez elle et qui contenait des informations sur 31 personnes décédées en garde à vue au Viet Nam. Me Nâm a dû faire face à un harcèlement continuel perpétré par les autorités vietnamiennes à la suite de son travail depuis 2009; un tel harcèlement comportait des détentions, des interdictions de voyage, des agressions physiques et des menaces pour sa vie et sa famille. Toutes les demandes d’autorisation de visite formulées par sa famille et ses avocats ont été rejetées. Il y a des raisons de craindre pour sa santé. Le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme a appelé à sa libération le 14 octobre 2016 et le Groupe de Travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire a conclu qu’elle était arbitrairement détenue dans un avis adopté le 25 avril 2017.

PEN Suisse Romand au Salon du Livre et de la Presse de Genève 2017

En 2017, PEN Suisse Romand a tenu un stand pour présenter le travail du PEN dans le Salon du Livre et de la Presse de Genève. Pendant cet important événement de la littérature et de la culture, plusieurs centaines d’écrivains, éditeurs et lecteurs ont signé pétitions d’appel pour protester la persécution de l’ancien président de PEN Chinois Indépendant, le Prix Nobel de la paix LiuXiaobo et son épouse Liu Xia, femme poète, ainsi que Trân Huynh Duy Thuc et Nguyên Van Dai, écrivains et journalistes vietnamiens, membres honoraires de PEN Suisse Romand. Le stand du PEN Suisse Romand a montré les publications par les Centres PEN ainsi que les oeuvres littéraires des écrivains de PEN International, y compris livres écrits par les écrivains emprisonnés. En plus, plusieurs documents comme Déclaration de PEN relative à la liberté numérique, Manifeste de Girona sur les droits linguistiques, Déclaration de Québec sur la traduction littéraire et les traductrices et les traducteurs, Manifeste de Bled du Comité des Ecrivains pour la Paix, Liste des Cas du Comité des Ecrivains en prison et Magazine de PEN International.

Thailande

 Sulak Sivaraksa, 85 ans, écrivain de renom et activiste, auteur d’au moins 100 livres et monographies publiés en thailandais et en anglais, portant sur la société et la culture thailandaise.

aurait été sélectionné à deux reprises pour le Prix Nobel de la Paix (1993 et 1994), et il est lauréat du1995 Right Livelihood Award, ainsi que du 2011 Niwano Peace Prize, qui récompense ceux qui font la promotion de la paix au travers de la coopération interreligieuse. Par deux fois, il a fui le pays pour vivre en exil volontaire (d’abord en 1976-1977, puis en 1991-1992). Selon certainsrapports médiatiques, Sivaraksa voit la dissension comme étant une partie essentielle de la loyauté qu’il porte envers sa nation.

Le 9 octobre 2017, Sivaraksa aurait été amené devant un tribunal militaire et informé que presque trois années d’enquête à son endroit, sur des allégations de lèse-majesté, venaient de se conclure. Il aurait été libéré le même jour et informé que les procureurs militaires décideraient s’il y avait lieu d’aller de l’avant dans cette affaire lors d’une audience prévue le 7 décembre 2017. Si son cas devait effectivement aller de l’avant, Sivaraksa pourrait faire face à un maximum de 15 ans de prison. Les accusations porteraient sur un discours que Sivaraksa a prononcé en octobre 2014 lors d’une discussion académique qui se tenait à l’Université Thammasat, et dans lequel il mettait en doute le caractère véridique d’une bataille d’éléphant survenue au 16e siècle entre le roi thaïlandais Naresuan et le prince héritier birman Mingyi Swa. Au moment du discours, le roi Naresuan faisait l’objet d’un long-métrage épique soutenu par la junte militaire. Sivaraksa aurait exhorté le public à « ne pas croire les choses facilement. Autrement, ils deviendront la proie de la propagande. ». Les accusations contre Sivaraksa ont initialement été déposées le 16 octobre 2014 par deux lieutenants-généraux. Le roi Naresuan est perçu comme un héros national par l’armée thaïlandaise, et en effet, la Journée nationale des Forces Armées marque l’anniversaire de cette bataille contre Mingyi Swa.

Sivaraksa a fait face à plusieurs accusations de lèse-majesté par le passé, en lien avec ses discours et ses écrits. À chaque occasion, et selon le blogue Thai Political Prisoners, soit il a été acquitté, soit les accusations ont été abandonnées. Les accusations pesant actuellement sur Sivaraksa sont tout particulièrement déraisonnables puisqu’elles ne se rapportent pas à un souverain régnant, mais plutôt à un monarque ayant gouverné entre 1590 et 1605.

Le Comité des Ecrivains en prison croit que les accusations pesant sur Sulak Sivaraksa sont directement liées à l’exercice pacifique de son droit à la liberté d’expression, et demande à ce qu’elles soient abandonnées immédiatement et inconditionnellement.

Le Comité exhorte les autorités à amender le Code pénal afin de s’assurer qu’il s’acquitte des obligations légales internationales de la Thaïlande à garantir la liberté d’expression, ce qui inclut la décriminalisation de la lèse-majesté (article 112 du Code pénal), ainsi que la diffamation et l’insulte (articles 326-333 du Code pénal). Le Comité exhorte également les autorités à ne pas juger les civils par le tribunal militaire.

https://www.actualitte.com/article/tribunes/une-mobilisation-pour-liu-xiaobo-nobel-chinois-de-la-paix-a-peine-libere/83629

Regards sur certains pays à haut risque pour les écrivains et les journalistes

Azerbaïdjan

Mehman Huseynov, journaliste et blogueur, membre de l’IFEX, a été devenu une cible pour les autorités de son pays pendant des années. Son crime serait d’avoir exercé un journalisme d’investigation, axé sur la corruption de l’élite azerbaïdjanaise. Plus récemment, il avait diffusé sur internet des photos de propriétés de luxe, qui, selon lui, appartenaient à des fonctionnaires du gouvernement. Depuis 2012, Mehman Huseynov a été soumis à une interdiction de voyager et il a été régulièrement harcelé et intimidé par la police. Par ailleurs, de fausses accusations criminelles ont été portées contre l’Institut pour la liberté et la sécurité des journalistes (IRFS), fondé par son frère, Emin Huseynov. Ce dernier a été obligé de fuir le pays pour sa propre sécurité. Journaliste et blogueur, Mehman Huseynov a été condamné à deux ans de prison pour ‘’diffamation’’, le 3 mars 2017.

Enlevé dans le centre de Bakou le soir du lundi 9 janvier dernier, Mehman Huseynov a été embarqué de force dans un véhicule par des assaillants non-identifiés puis conduit en un lieu inconnu. Ce n’est que mardi en début d’après-midi qu’il est apparu qu’il avait été appréhendé par des agents de police non-identifiés. Mehman Huseynov affirme avoir été torturé alors qu’il se trouvait des heures durant dans le véhicule de la police. Il rapporte que ses yeux ont été bandés et un sac posé sur la tête pour l’empêcher de respirer. Il rapporte également avoir subi des chocs électriques. À son arrivée au poste de police de Nasimi, il a perdu connaissance et s’est effondré. Lors de son procès, ses avocats affirment que ses blessures étaient encore bien visibles. Le tribunal aurait ordonné que le bureau du procureur de Nasimi lance une enquête sur les allégations de torture de Mehman Huseynov. En février 2017, dans un acte d’intimidation (motivé à la fois par la courageuse décision de Huseynov de parler publiquement de la violence qu’il avait subie en détention), le ministère de l’Intérieur de l’Azerbaïdjan (MIA) a déposé une plainte privée demandant qu’Huseynov soit poursuivi en vertu des articles 147 (diffamation) et 148 (injures) du Code pénal. À la suite de deux minutes de délibération, le juge a trouvé Huseynov coupable des accusations portées contre lui et l’a condamné à deux ans de prison. Il y eu une indignation mondiale à l’annonce de la nouvelle de la condamnation de Huseynov. Lors d’une audience en appel au mois d’avril 2017, un tribunal de Bakou a confirmé la condamnation de Huseynov. En septembre 2017, la Cour suprême d’Azerbaïdjan a estimé que la cour d’appel n’avait pas traité de manière adéquate les demandes de la défense et a renvoyé l’affaire pour une deuxième audience auprès de la Cour d’appel de Bakou.

Les organisations de défense des droits humains, dont IFEX, PEN International et plusieurs de ses membres continuent de battre campagne pour la libération immédiate de Huseynov et pour que sa condamnation soit annulée.

Conseil des Droits de l’Homme

36ème session du 11 au 29 septembre 2017

L’anniversaire du 9 /11 double l’inquiétude provoquée par les attentats. Viendra-t-on à bout du terrorisme ? Le Haut-Commissaire Zein Ra’ad Al-Hussein partage ses impressions « d’un jour de clarté au matin puis d’horreur à mesure qu’avance le jour ». Il accuse le vol le plus abject de la majorité des hommes. On peut imaginer à travers les attaques, intimidations, emprisonnements des défenseurs des Droits de l’Homme, le degré de cruauté exercé sur les peuples. Comment faire un choix parmi les pays coupables de crimes contre l’humanité quand la situation est globale ; s’en prendre aux mécanismes et ignorer le problème n’est pas la solution. Les Rohingyas : l’attaque contre 30 policiers a été brutalement réprimée, on dirait un génocide, L’Inde ne peut pas renvoyer les réfugiés Rohingyas dans leur pays où ils s’exposeraient à de terribles sévices. Le Pakistan ne révoque pas les lois contre le blasphème ou le mariage des enfants. Le Venezuela, pierre d’achoppement entre le président Maduro et le Haut-Commissaire Zein Ra’ad Al-Hussein qui ne demande pas moins qu’une enquête internationale, accusant presque le Venezuela de crimes contre l’humanité.

Carla Del Ponte avait annoncé sa démission de la commission d’enquête sur la Syrie ; officialisée avec la reprise des séances de la Commission laquelle coïncidait avec l’ouverture du Conseil. Elle réagissait à l’impunité accordée à Assad. 7 ans durant, elle a préparé dossier sur dossier. Chacune de ses enquêtes apporte la preuve de crimes contre l’humanité, l’attaque au gaz sarin sur Khan Cheikhoun le 4 avril 2017, l’utilisation de l’upérite à Oum Haouch le 16 septembre 2016, les bombardements d’écoles et d’hôpitaux…

SYRIE. Assad n’a pas été jugé. Sa victoire est illusoire. Il règne sur un tas de ruines. Ses alliés, Russie et Turquie le soutiennent. Les crimes continuent en totale impunité. Cependant, le Conseil décide d’organiser, à sa trente-septième session, en consultation avec la Commission d’enquête, une table de haut niveau ; prie le Haut-Commissariat d’établir un rapport tenant compte sous forme résumée de la table ronde de haut niveau et de le lui soumettre à sa trente-huitième session ; décide de rester saisi de la question. La résolution A/HRC/36/L. 22 concernant les Droits de l’Homme en Syrie au point 4 de l’ordre du jour est adoptée, par 27 oui et 13 abstentions.

MYANMAR. L’exode des réfugiés Rohingyas vers le Bengladesh ressemble à  un génocide. Le Conseil décide de proroger le mandat d’établissement des faits et  de présenter un compte rendu oral, qui sera  suivi d’un dialogue à l’Assemblée Générale lors de sa soixante-troisième session.

BURUNDI. Le Conseil se déclare préoccupé par la radiation ou la suspension des activités d’un certain nombre d’organisations de la société civile et de groupes politiques au Burundi ainsi que par les intimidations et le harcèlement dont sont victimes les défenseurs des droits de l’homme  dont la plupart ont été obligés de s’exiler.

A/HRC/36/L.9/Rev.1

YEMEN. Le Haut-Commissaire Zein Ra’ad Al-Hussein réclame une enquête indépendante internationale. Les frappes aériennes sur des cortèges funèbres et sur de petites embarcations civiles pourraient être des crimes contre l’humanité. Les forces Houthi /Saleh sont responsables de 67% des 1702 cas de recrutements d’enfants pour les envoyer au combat. Aden, Hudayda, San’a, El-Taiz sont les endroits les plus touchés.

Au point 3 de l’agenda, la question de la Peine de Mort et celle de la liberté de conscience ont été longuement débattues.

Au point 6 de l’agenda, plusieurs pays ont passé l’examen périodique universel : Bahrain, Equateur, Tunisie, Maroc, Indonésie, Finlande, Grande Bretagne, Irlande du Nord, Inde, Brésil, Philippines, Algérie, Pologne, Pays-Bas, Afrique du Sud.

Au point 10 de l’agenda, Assistance technique et renforcement des capacités seront accordés à la République centrafricaine et à la République démocratique du Congo.

Sur un autre diapason : un groupe de travail sur la sorcellerie et les droits de l’Homme a lieu pendant que l’Examen Périodique Universelle de la Tunisie se déroule. Pauvres gens et gens de bien en sont influencés. Peut-on parler de liberté d’expression ? Et pour l’actualité de cette fin de session, L’Espagne refuse le projet de référendum catalan qui a lieu ce 1er octobre 2017. La Turquie refuse le projet de référendum kurde.

Fawzia Assaad et Nguyên Hoàng Bao Viêt

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Informations complémentaires en  Annexes :

34 résolutions ont été adoptées par le Conseil des Droits de l’Homme lors de sa 36e session. Durant sa 36e session, le Conseil des Droits de l’Homme a adopté 34 résolutions dont 20 par consensus après avoir abordé plusieurs situations de droits de l’homme dont celles au Yémen, au Burundi, au Myanmar, en Syrie, en Biélorussie, en Erythrée, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Soudan, en Somalie et au Cambodge. Sans oublier,l’adoption de résolutions sur les discriminations, les violences faites aux femmes et les mariages forcés ou précoces, la jeunesse et les droits de l’Homme, ainsi que le renouvellement des mandats des rapporteurs spéciaux sur les exécutions sommaires, arbitraires ou extrajudiciaires, sur la traite des êtres humains et sur l’indépendance des juges et des avocats.

Pendant trois semaines, le Conseil a entendu 17 experts et groupes d’experts indépendants, deux commissions d’enquêtes – l’une sur le Burundi et l’autre sur la Syrie, la mission d’établissement des faits au Myanmar.

Le Conseil a également entendu les présentations de 90 rapports portant sur 35 thèmes et 40 pays. Plusieurs thèmes et environ 84 situations de droits de l’homme portant sur des pays ont également été invoqués lors des dialogues interactifs et des débats généraux.

La prochaine session du Conseil des Droits de l’Homme se tiendra du 26 février au 23 mars 2018 à Genève.

Par ailleurs, le Groupe de travail du Conseil des Droits de l’Homme en charge de l’Examen périodique universel tient sa 28e session à Genève du 6 au 17 novembre 2017.

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